Au commencent, il n'y avait rien. Ou si peu... Un jeu infini entre vie et mort.

« - Papa? Et ceux-là, qui c'est?
- Entei, Raikou et Suicune, ma puce. Le trio légendaire de notre belle région.
- Pourquoi le dessin est tout noirci?
- C'est parce que la tour brûle.
- Celle de notre ville? Ils sont morts?
- Oui. Mais Ho-Oh les a ressuscités, tu sais, ma puce, l'oiseau doré tant sculpté!
- Il est fort, Ho-Oh! Tu crois que je pourrais les voir un jour, alors?
- Qui sait, ma puce, qui sait... Allez, au lit, maintenant! »

Depuis sa tendre enfance jusqu'à ce jour, Loa n'avait jamais vécu ailleurs qu'à Rosalia.

La ville était même presque tout ce qu'elle connaissait du monde extérieur, si l'on écartait les bois verdoyants l'entourant ou le Lac - surnom donné par les enfants dû à l'interdiction formelle de dépasser une certaine distance -, ou même l'entrée de la grotte près de celui-ci. Oh, la blonde avait bien fait un voyage un jour à Mauville, accompagnant son père, mais c'était il y a un bout de temps et les souvenirs qu'elle en a demeurent flous et peu objectifs. On pouvait donc avancer sans crainte de représailles que Loa était tout bonnement ignorante quant à la réalité extérieure, quant aux autres régions, en pratique du moins.
Rosalia, c'était pour elle une sorte de cocon chaud où elle connaissait tout sur le bout des doigts, où les histoires illuminaient le ciel et les étoiles de leurs aspects fantastiques en même temps que l'imaginaire des enfants, un "chez elle" qui ne pourrait jamais être remplacé. Elle se souvenait, à différente période de sa vie, contempler la Tour Cendrée et comprendre petit à petit sa véritable histoire, admirer les sœurs Kimono danser avec leur grâce légendaire et tenter joyeusement de les imiter, sous les rires de ses parents.

Bien sûr, Loa avait toujours su qu'elle partirait un jour. Sa vocation de dresseuse l'avait empoisonnée irrémédiablement depuis longtemps, et parcourir le monde lui tardait... Mais imaginer quitter sa chère ville et ses maisons traditionnelles, l'odeur des sous-bois après la pluie, les rires avec les autres enfants, l'excitation lorsqu'elle voyait le Champion de la ville combattre, et le faire réellement, c'était radicalement différent.
Ses parents la soutenaient, tout de même! Ils savaient que ce serait dur, au début. Mais on prenait vite goût à l'aventure - ils en avaient eux-même fait l'expérience de longues années plus tôt! -. Ah, ses parents. Oui, c'est d'eux que la future dresseuse tenait sa passion brûlante pour les combats pokémons... Ses parents furent tout deux des dresseurs, et d'après ce qu'ils racontaient, c'était d'ailleurs en se combattant qu'ils s'étaient rencontrés. Match nul. Obligation de rester avec l'autre pour reprendre des forces et tenter de lui faire mordre la poussière la prochaine fois... Ils ne s'étaient alors jamais quittés!
Maintenant qu'elle y repensait, Loa trouvait ça vraiment niais, en fait.

Trêve de bavardages...
Pour parler de choses plus intéressante - ou pas -, on pouvait considérer que la vie de la blonde n'avait pas vraiment été trépignante jusqu'à ce jour. Élevée par ses parents et leurs pokémons jusqu'à l'âge requis pour aller à l'école, puis assidue dans l'apprentissage principalement quand cela concernait les combats et les pokémons, le tout alterné d'escapades en forêt seule ou accompagnée d'une bande de gosses riant et braillant avec joie. L'excitation qui montait alors qu'elle croyait apercevoir dans l'ombre d'un fourré la forme d'un pokémon, encore mieux si cela ressemblait à l'un des trois pokémons légendaires du conte de son père... Sa vie s'était déroulée avec douceur, entre l'insouciance et l'innocence de l'enfance, entrecoupées d'un bref aperçu de son futur monde par des combats de pokémons.

Un jour, elle avait même réussi à faire plier son père pour qu'il lui prête son Cerfrousse pour faire un combat "hors-maison", comme les appelait son père quand il sortait avec des amis pour des tournois. Autant dire que le résultat n'avait pas été d'une grande réussite, mais pas désastreux non plus. Tant que le Cerfrousse et elle étaient rentrés en un seul morceau et vainqueur, Loa ne voyait pas de problème. Le pokémon non plus, puisqu'ils avaient gagnés, et ça le rendait pas peu fier. Le père, lui, avait cru avoir une attaque en voyant arriver sa fille et l'un de ses pokémons à moitié déglingués, couverts de boue et parsemés de quelques bleus. Ce jour-là, il avait appris à sa très chère petite puce que oui, les combats pokémons, c'était bien de mettre du sien pour gagner, que les provocations pouvaient être tolérées, mais que jamais, au grand jamais, ils étaient censés se finir en bataille générale entre pokémons comme dresseurs! Il y avait des règles, des choses à respecter, et que si elle comptait poursuivre cette voie, elle ferait mieux d'y songer avant de revenir encore une fois aussi amochée que cela!
La petite avait immédiatement hoché la tête pour montrer son accord et sa compréhension, buvant les paroles de l'adulte comme si elle mourrait de soif.
Mais ça avait tout de même été drôlement chouette.

Depuis, la petite Loa a grandi, et si son plaisir du combat et des provocations ne s'est pas altéré, elle sait se tenir et en rester à des stratégies plus réglementaires, au soulagement des ses parents stressés de la voir gambader en toute impunité dans un futur proche dans l'immensité du monde en combattant à tort et à travers comme une sauvage. Mais une frêle jeune fille comme elle n'est jamais sauvage, voyons...

Pour en revenir à nos jours, la blonde a fêté il y a maintenant quelques mois son dix-septième anniversaire, avec le magnifique cadeau de l'autorisation d'indépendance de ses parents! Le voyage fut préparé avec soin, pas en hiver, trop froid d'après sa mère, pas en été, non, trop chaud d'après son père, bref, entre les deux, le printemps!
Première excursion pour Bourg Geon, dans le but de rencontrer le Professeur Orme et de recevoir l'indispensable matériel de dresseur... Ainsi que son premier pokémon!
Lorsque sa mère l'avait interrogée vis-à-vis de son choix sur les trois types proposés, elle n'avait pas hésité une seule seconde.
Feu!
Il lui fallait bien un pokémon aussi tête brûlé qu'elle, après tout...

Parce que derrière les rayons lumineux de l'astre solaire, se dessine les contours d'une grande aventure qui risque de ne pas être de tout repos!

Il y a la vie, il y a la mort, mais entre les deux, c'est une succession de sensations et d'aventures dont les souvenirs ne périront jamais..!